vendredi 10 décembre 2010

La version 2 du projet de décret UdL est parue.

vendredi 14 novembre 2008

Partenariat Medef : une technique d'amorçage ?

Bonjour.

Vous l'avez certainement vu en lisant les ordres du jour du prochain
CEVU (lundi 17) et du prochain CA (mardi 25), il va être question d'un
accord de partenariat avec le Medef. Et vous nous voyez sûrement
venir, nous élus FSU, avec nos gros sabots : on va encore tirer sur
le Medef (les méchants patrons) ! Ne sommes-nous pas vilains !!
En effet, que prévoit cet accord de partenariat ? Il s'agit, en gros,
de favoriser l'insertion professionnelle des jeunes diplômés, ce qui
nécessite au préalable une bonne orientation. En outre, le Medef va
permettre aux étudiants de trouver de bons stages, en rapport avec
leurs formations. Qui pourrait sérieusement s'opposer à cela ?

Nous, élus FSU, voyons bien, avec d'autres collègues, que les
étudiants sont pour nombre d'entre eux inquiets de leur future vie
professionnelle et qu'à ce titre ils sont demandeurs de relations plus
fortes avec ceux qu'on appelle les professionnels. Nous avons bien lu
également la loi LRU et avons bien vu que les universités ont une
nouvelle mission d'orientation et d'insertion professionnelle.
Toutefois, cela n'en fait pas, de notre point de vue, la mission
exclusive. La professionnalisation ne doit pas être le prisme à
travers lequel nous devons penser les formations au risque d'oublier
que l'Université c'est d'abord et avant tout un lieu de réflexion et
de confrontation des idées. Non pas un lieu où les étudiants
"apprennent", comme se plaît à le dire notre ministre, mais un lieu où
l'on construit des connaissances théoriques, méthodologiques aussi
bien que "professionnelles".

Ainsi, nous, élus FUS, pensons que cette convention relève de ce qu'on
pourrait appeler un amorçage, un accord dont on ne mesure pas bien le
coût réel. Quelle est, selon nous, la véritable demande ? A quoi
sommes-nous effectivement engagés par cet accord de partenariat ?

Pour nous, le Medef veut s'inviter à l'université pour intervenir
directement sur les formations. On en trouve quelques traces dans le
document qui sera débattu en CEVU puis en CA.

1. L'objectif principal du Medef est de mettre en place un Comité
d'Orientation Université-Entreprises Régional, comité composé d'autant
d'universitaires que de représentants du Medef.
Si un tel comité devait voir le jour, au nom de quoi le Medef en
serait-il le seul interlocuteur pour représenter le monde des
entreprises ? Et la CGPME ? Et l'ANPE (ou Pôle Emploi) ? Et les
Chambres consulaires ? ...

2. Sur la construction même des diplômes.
Dans le document, on lit que "Afin de contribuer à une meilleure
adéquation entre les formations professionnelles et le marché, les
parties signataires organisent une concertation en amont du montage
des dossiers de création de formations professionnelles ou de
renouvellement d'habilitation"
Voici donc que pour les Licences professionnelles et les masters,
notamment, nous allons devoir nous concerter avec le Medef local.
Certes c'est déjà le cas pour certaines formations. Certes, le Medef
participe à l'évaluation des dossiers d'habilitation (tous ?). Mais ne
s'agira-t-il pas désormais d'obtenir une sorte de "label Medef" dans
la construction et la réhabilitation de ces diplômes. Il y a un écart
important entre le fait qu'une organisation fasse partie des instances
d'évaluation d'un diplôme et le fait de devoir se soumettre à une
organisation particulière dans la rédaction même dudit diplôme.
Sachant, en outre, que les licences pro deviennent, progressivement,
le modèle des licences en général, c'est progressivement toutes les
formations qui devront être "certifiées Medef" avant l'envoi des
maquettes au ministère.
On lit également que "la généralisation d'un "projet personnel et
professionnalisé" intégré et validé dans le cursus sera de nature à
fournir à l'étudiant les éclairages nécessaires à sa prise de décision."
Et si l'on reparlait de ce "projet personnel et professionnalisé"?
C'est quoi un tel PPP ? Cela sert à quoi ? A qui ? Et même si l'on
accepte ce PPP généralisé. Qui le valide ? Le Medef y participe-t-il
comme le texte pourrait le suggérer ?

3. Le Medef souhaite pouvoir délivrer la bonne parole dans les
universités.
C'est ainsi qu'on lit dans le document que "Les parties conviennent
d'organiser à l'intention des étudiants et des personnels de
l'Université des rencontres animées par des professionnels
(représentants des branches professionnelles, représentants des
entreprises siégeant dans des conseils universitaires...). Ces
rencontres pourront prendre la forme de présentation d'un réseau
d'entreprise, débats, questions-réponses, tables rondes,
témoignages...".
Pourquoi, en effet, ne pas permettre au Medef de venir exposer ses
idées ? Mais voyons plus large alors et faisons en sorte que ces
tables rondes/conférences réunissent des syndicats d'employeurs et
syndicats d'employés, des professionnels de l'emploi, des organismes
travaillant sur l'emploi et les qualifications, des laboratoires
produisant des recherches sur ces questions, etc.

4. Enfin, nous aimerions savoir d'où provient cet accord. Le Medef
s'est-il seulement posé la question de savoir ce que nous faisions
actuellement, notamment dans les formations dites professionnelles ?
Il y a parmi nous des responsables de formations qui ne se souviennent
pas avoir eu le moindre contact avec Medef sur ces questions... Et
qui, pour autant, n'ont pas attendu cet accord pour mettre en place
des rencontres / débats avec les "professionnels" ou pour trouver de
"bons stages" au sein des formations dont ils ont la charge.

A travers ces quelques extraits, il nous semble évident que la demande
réelle du Medef est d'intervenir directement sur les formations, en
amont même de leur demande d'habilitation, afin de les soumettre aux
exigences des entreprises locales. Pouvons-nous accepter une vue aussi
étriquée de ce qu'est une formation universitaire ?

Les élus FSU aux conseils.